Pourquoi l’E2L est absent des réseaux sociaux ?

Cette question revient périodiquement, de la part de nouveaux adhérents ou de personnes qui viennent nous rendre visite dans notre salle ou sur les stands que nous tenons, lors d’évènements publics comme Ivry en Fête ou la Fête du Libre. Ils s’étonnent que nous n’utilisions pas ces outils « pratiques et conviviaux », comme ils le disent, avec lesquels ils se sont habitués facilement et les utilisent dans tous leurs échanges : professionnels, associatifs et familiaux.
Et donc pour répondre à cette question nous allons consulter la listes des principaux réseaux sociaux (*1) et les passer en revue en expliquant pour chacun d’eux ce qui nous pose problème.
Pourquoi n'utilisons nous pas Facebook (Meta) ?
C’est vrai qu’au moment où j’écris cet article, en septembre 2024, Facebook est le réseau social le plus utilisé au monde avec 3,05 milliards d'abonnés actifs (*1).
Sur Wikipédia on apprend qu’en 2004, une bande de sympathiques étudiants de l'université Harvard, dont fait partie Monsieur Mark Zuckerberg, créent un site, au départ réservé aux étudiants de cette université. Le nom du site provient des albums photo (« trombinoscopes » ou « facebooks » en anglais) regroupant les photos d’identité des élèves prises en début d'année scolaire.
Mais les choses se compliquent rapidement. Les frères Cameron et Tyler Winklevoss, également étudiants à Harvard à l'époque, estiment que Mark Zuckerberg leur a volé leur idée pour créer Facebook (*2). Un procès s'est ensuivi, à l'issue duquel ils se sont accordés sur un dédommagement de 65 millions de dollars. Comment expliquer une telle somme ?
Il faut dire que ce que l’on pouvait considérer comme un simple outil d’étudiant pour communiquer en s’amusant, s’est rapidement révélé être une véritable « machine à cash », comme on dit outre-atlantique. Le gain est, dès la première année, en 2004, de 400 mille dollars. Puis ensuite il se compte en millions de dollars : 9 millions de dollars en 2005, 48 en 2006, 153 en 2007, etc. En 2010 on atteint les 2 milliards de dollars. La croissance continue pour atteindre 116 milliards de dollars en 2022.
La question est donc : d’où vient tout cet argent alors que les comptes sont gratuits ?
Des réponses à cette question se trouvent dans un livre dont voici le résumé : « Facebook est un dispositif hors du commun, capable de faire du profit à partir du moindre des mouvements que nous effectuons sur sa plateforme. Il nous fait croire que nous sommes en train de nous distraire : en réalité, il nous met au travail pour développer un nouveau type de marché : le commerce relationnel. Facebook, comme tous les instruments privés de réseaux sociaux, n'est ni libre ni désintéressé : nous, utilisateurs, sommes la valeur à échanger. »
Les auteurs font une incursion dans les coulisses de Facebook et analysent les théories des libertariens californiens - faisant apparaître le fil conducteur qui relie Facebook et Wikileaks et révélant les effets des algorithmes utilisés pour la publicité ciblée par les géants du profilage en ligne (Facebook, Apple, Google, Amazon...). (*3)
Nos voisins belges ont rencontré les membres du collectif Ippolita (*4).
Et, bien entendu, tout cet argent a attiré pas mal de gens sans scrupule, du petit bandit amateur au pirate chevronné. Les escroqueries ont été dénoncées sur des sites d’utilisateurs avertis (*5). Mais elles ont pris de l’ampleur au point que même des journaux régionaux ont alerté leurs lecteurs sur ces arnaques (*6).
Et puis, il y a eu l’affaire Cambridge Analytica, la société britannique soupçonnée d’avoir siphonné les données personnelles de dizaines de millions d’Américains sur Facebook, et qui a, par ailleurs, joué un rôle de premier plan dans la campagne présidentielle de Donald Trump.
L’affaire Cambridge Analytica est rapidement devenue une affaire Facebook après la découverte qu’en 2015 Facebook autorisait cette collecte de données (*7).
Bien entendu, la société Facebook a été condamnée à payer des dédommagements (*8). Mais que représentent 5 milliards quand on en gagne plus de 100 par an ? A ce titre là tout le monde veut bien être condamné !
Ajoutons à cela le fait que les dirigeants de Facebook agissent comme des affairistes véreux en ne payant pas leurs impôts (*9), pourquoi voulez vous que nous précipitions nos adhérents dans les bras de tels gugus ?
Sans doute pour se refaire une image plus propre, le nom « Facebook » a été changé en « Meta », que nous n’utiliserons pas non plus.
Pourquoi n’utilisons nous pas WhatsApp ?
WhatsApp est créée en 2009 par Jan Koum et Brian Acton, deux anciens employés de la société américaine Yahoo! avec pour objectif de remplacer le SMS et remporte un grand succès à partir des années 2010. C’est une application mobile multiplateforme qui fournit un système de messagerie instantanée chiffrée de bout en bout aussi bien via les réseaux de téléphonie mobiles que via Internet (*10).
Le nom WhatsApp est un clin d’œil à la formule « What’s up? » (Quoi de neuf ? ) que se lancent les anglophones qui se rencontrent. C’est aussi la phrase fétiche du fameux lapin Bug’s Bunny : « What’s up doc? ».
Tout semblait parfait, mais en février 2014, WhatsApp est acquis par Facebook pour un montant d'environ 22 milliards de dollars (*11, *12). Et à partir de cette date, l’application s'est trouvée à plusieurs reprises au centre de vives critiques portant sur sa sécurité informatique, notamment sur la confidentialité des données personnelles qui y sont échangées. Whatsapp a également été le support de plusieurs campagnes de diffusion de fausses informations (*10).
Une enquête publiée en 2018 par le centre de recherches Computational Propaganda Project de l'université d'Oxford indiquait que les plates-formes de messagerie en ligne avaient été le support de campagnes de désinformation dans au moins dix pays depuis le début de l'année 2018 et que WhatsApp avait été utilisée comme plate-forme principale de ces campagnes dans sept de ces pays, dont le Brésil, l'Inde, le Pakistan, le Zimbabwe et le Mexique (*13, *14).
En 2017, en France, la CNIL met en demeure WhatsApp pour transfert illégal de données personnelles vers sa maison mère Facebook sans consentement des utilisateurs (*15).
Cerise sur le gâteau, WhatsApp est, bien entendu, également la cible des pirates de tous poils (*16).
Donc, arrêtons là les frais : c’est même punition, même motif que pour Facebook/Meta !
Références
*1 : https://fr.statista.com/statistiques/570930/reseaux-sociaux-mondiaux-classes-par-nombre-d-utilisateurs/
*3 : https://www.fnac.com/a4239966/Ippolita-J-aime-pas-facebook
*5 : https://www.welivesecurity.com/fr/2022/07/07/arnaques-courantes-facebook-marketplace-eviter/
*6 : https://www.lalsace.fr/magazine-lifestyle/2021/11/13/les-10-arnaques-les-plus-courantes-sur-whatsapp
*7 : https://www.lanceurdalerte.info/2019/05/31/pourquoi-doit-on-se-mefier-de-facebook/
*10 : https://fr.wikipedia.org/wiki/WhatsApp
*14 : https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/20563051231160632